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Incest de citron
21 juillet 2007

Comment détecter les abus sexuels

2.
Détecter
1. POURQUOI LES ENFANTS
NE PARLENT PAS
Le mur de silence que notre culture a
dressé depuis des siècles devant tout ce qui
touche au sexe a créé un tabou qui produit
un malaise chez l’adulte et n’invite pas
l’enfant à parler. Chez nous, on ne parle
pas de sexe tout comme on ne pète pas
après le repas, ce qui est pourtant
coutumier au Rajasthan. À elle seule, notre
culture est donc en grande partie responsable
du mutisme des enfants abusés.
Toutefois, on l’a vu et on le verra encore,
mieux les enfants sont informés et soutenus
par la culture familiale, plus vite et
43
plus facilement ils se confieront en cas de
problème. Dans les autres cas, c’est ce
mutisme généralisé que l’abuseur va soigneusement
exploiter et renforcer.
• La manipulation mentale
En profitant de ce climat de silence et de
méconnaissance que notre culture fait
régner autour du sexe, l’abuseur va façonner
l’esprit de l’enfant de manière à lui
faire considérer comme normale une
sexualité déviante. En outre, il lui sera
facile d’imposer le silence à l’enfant,
notamment par une manipulation mentale.
Sa manipulation, il va l’appuyer, par exemple,
sur des valeurs communément admirées,
telles que l’amour, et présenter sa
requête comme le signe d’« un amour très
pur ».
Il ne faut pas oublier que, vu son âge, le
monde de l’enfant est rempli d’obligations
qu’il ne comprend pas nécessairement ou
qui lui déplaisent parfois. Une contrainte
44
désagréable n’est donc, de prime abord,
pas nécessairement perçue comme quelque
chose d’anormal. L’enfant ne fait pas la différence
entre l’obligation de finir son
assiette, de ranger sa chambre et d’être
sage chez la gardienne… même si la gardienne
ou son compagnon abuse de lui.
Pour l’enfant, le seul horizon, c’est d’obéir
à l’adulte, point. Y compris lorsqu’il ne discerne
pas les raisons de ce qui lui est
demandé. Cette position fait de lui une
proie fragile, manipulable aisément.
• Les chantages, les cadenas
L’abuseur recourt aussi au chantage.
L’abuseur ne se contente pas de présenter
ses requêtes sexuelles comme normales, il
s’assure en plus le secret en mettant en
place toutes sortes de chantages destinés à
faire taire l’enfant et à cadenasser sa parole,
pour des années parfois, jusque bien audelà
de la puberté.
Il pratique toute une gamme de chan-
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tages affectifs dans lesquels, selon les cas, il
use de son autorité, induit une culpabilité
chez l’enfant ou recourt à la violence : « Si
tu le dis, je me tue » ; « Si tu dis non, c’est
que tu ne m’aimes plus » ; « C’est notre
petit secret » ; « Je dirai que tu mens et
personne ne te croira » ; « Si tu parles,
c’est toi qui sera puni et pas moi » ;
« C’est pour ton bien » ; « C’est une
punition, tu la mérites » ; « C’est toi qui
l’as souhaité » ; « Si tu parles, je le ferai à
ton frère/ta soeur » ; « Si tu parles, je tue
ton chien/chat/lapin » ; « Si tu parles, je
te tue/je tue ta mère », etc.
Ainsi, pour satisfaire ses manies sexuelles,
l’abuseur crée parfois une atmosphère
de tendresse, mais, dans le même temps —
ou dans d’autres cas —, il n’hésitera pas à
utiliser la menace et la violence physique
(en plus d’être abusé, l’enfant sera frappé)
pour donner un avant-goût des représailles
auxquelles l’enfant s’expose s’il rompt le
silence.
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Certains cadenas peuvent être d’une
violence si insoutenable que je refuse d’en
citer ici quelques exemples pour ne pas servir
de source d’inspiration et donner des
idées aux abuseurs. Qu’il me suffise de
citer cette petite fille qui a retrouvé son
cobaye familier poignardé sur une porte…
• Le cloisonnement
L’abuseur arrive parfois à s’assurer le
secret alors qu’il abuse de plusieurs enfants
d’une même famille. Dans ce cas, il veille
soigneusement à cloisonner ses agissements
et ses victimes, en opérant avec chacune
d’elles à l’insu des autres, il va les
manipuler toutes pour faire en sorte d’empêcher
qu’elles se parlent entre elles. Il
peut dire, par exemple : « Si tu refuses, je
le fais à ton frère/ta soeur », etc. J’ai connu
des cas où cette menace était proférée alors
que l’abus sur le frère/la soeur avait déjà
été commis et j’ai vu des victimes ne l’apprendre
ou n’en prendre conscience que
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bien plus tard, après avoir parfois atteint
l’âge de la trentaine. Chacune des victimes
s’était en fait innocemment sacrifiée par
souci de protection de son frère ou de sa
soeur.
De la même manière, ce chantage dans
le cloisonnement force aussi le silence d’un
adulte. Ainsi, un grand-père continuait à
abuser de sa fille — alors âgée de 35 ans et
mère de famille — en menaçant de s’en
prendre à ses enfants si elle ne lui cédait
pas. Or le grand-père abusait déjà de ses
petits-enfants à l’insu de leur mère. Et
lorsque les services sociaux ont pris conscience
de ces abus, le grand-père a orienté
les recherches vers le père des enfants qui
n’y était pour rien…
Le silence ambiant et le cloisonnement
mis en place embrouillent et perturbent
l’identification des abus et de l’abuseur.
• L’impuissance acquise
Certaines victimes — enfants ou même
48
adultes —, qui subissent des abus à répétition,
peuvent donner à penser qu’elles le
cherchent… Ce n’est évidemment pas
le cas ; en réalité, ces personnes souffrent
de ce que l’on appelle l’« impuissance
acquise ».
Il s’agit d’un sentiment d’impuissance
dans lequel la victime plonge à l’occasion
d’un premier abus ou d’une agression et
qui se fixe instantanément dans sa
mémoire. Cette forme d’impuissance persiste
à l’état latent, mais est systématiquement
réactivée, tout au long de sa vie,
chaque fois que la victime se trouve face à
un abuseur ou à n’importe quel abus.
Il s’agit d’un mécanisme psychologique
trop peu connu qui laisse croire à tort que
la victime est consentante ou même qu’elle
désire être abusée. Pour être plus exact, il
faut dire que cette fragilité psychologique
crée un public-cible repéré par les abuseurs
et dont ils profitent pour commettre plus
aisément leurs forfaits.
49
Cet état d’impuissance acquise a ainsi
valu à une femme de 38 ans de se laisser
emmener dans un hôtel et violer par un
oncle qui avait déjà abusé d’elle dans son
enfance. À 38 ans, elle était toujours,
comme lorsqu’elle était enfant, mentalement
paralysée et incapable de dire
« non ». On sait aussi, pour les mêmes
raisons, que certains enfants, placés en
institution pour les éloigner d’un abuseur,
deviennent plus facilement que d’autres la
proie d’adolescents ou d’adultes abuseurs
présents dans l’institution.
Une autre forme de ce cas fréquent est
celui de l’enfant abusé qui, vers l’âge de
10 ou 11 ans, commence à comprendre
qu’il vit quelque chose de singulier et que
l’abuseur fait quelque chose d’interdit. Il
essaie parfois de tirer parti de la situation
en exigeant une contrepartie à son silence :
de l’argent, plus de liberté, etc. Pour
autant, il n’osera pas dénoncer les faits car
il est prisonnier de cette impuissance
50
acquise et on aurait tort de l’accuser de
perversion.
Cette impuissance acquise alimente par
ailleurs d’autres abus comme le harcèlement
ou le racket à l’école. Un petit chef de
bande repérera rapidement un enfant facile
à soumettre (parce qu’abusé par ailleurs) et
un racketteur apprendra vite par l’expérience
comment provoquer chez les autres
cet état d’impuissance : il lui suffit,
lorsqu’il veut imposer sa domination, de
brandir quelques menaces qui réactivent
automatiquement l’état d’impuissance de
sa victime.
Il faut noter que cet état d’impuissance
est souvent mal compris : la victime,
psychologiquement paralysée, fait les gestes
que son agresseur lui dit de faire et se
retrouve de cette manière dans un état de
soumission que, plus tard, la police ou la
magistrature ont tendance à considérer
non pas comme un état de choc particulier
51
dû à l’agression, mais comme une forme
d’acceptation.
• La culpabilité
Malheureusement, il est, en effet, fréquent
que certaines victimes se taisent pendant
des années parce qu’elles se sentent
coupables de ce qu’elles ont vécu. Aussi
étrange que cela puisse paraître, toute personne
qui subit un traumatisme (cela peut
être un banal accident de voiture aussi bien
qu’une agression sexuelle) se sent, sinon
coupable, au moins responsable de ce qui
lui est arrivé. De la même manière, l’enfant
ou l’adolescent sexuellement abusé se sent
coupable de ce qu’on lui a imposé ou de ce
qu’on lui impose encore. À aucun moment,
il ne se sent victime car, en rejetant ce statut,
il pense amoindrir les douleurs qu’il
subit ou a subies en tant que victime. C’est
un mécanisme naturel de défense, mais qui
ne laisse pas d’autre choix que de vivre
avec un sentiment de culpabilité.
52
Dès lors, parler de l’abus subi devient
essentiellement l’aveu d’une faute…
L’abuseur aura beau jeu, lors de la manipulation
mentale de ne pas détromper sa victime
et d’alimenter ce sentiment pour
verrouiller le secret.
Il me faut ici brièvement revenir sur le
conseil donné aux enfants de dire « non ».
On voit bien désormais que si l’abuseur
passe outre ce refus — avec, souvent, la
violence accrue que j’ai signalé — l’enfant
va développer un sentiment de culpabilité
d’autant plus important qu’il n’a, précisément,
pas été capable de se faire respecter ;
il vivra avec l’impression « d’être nul ».
• Le plaisir sexuel mécanique
Il faut prendre en considération le fait
qu’il y a un plaisir physique d’ordre strictement
mécanique, déclenché par les attouchements
ou la masturbation. C’est une
réponse physique aux caresses, naturelle,
mais qui n’implique en rien la participa-
53
tion volontaire à l’acte. Cette sensation
troublante perturbe horriblement la victime
par rapport à ce qu’elle vit ou à ce
qu’elle a vécu, car elle a l’impression d’une
trahison de son corps. Le fait d’avoir
éprouvé ce plaisir physique va amener la
victime à renforcer son sentiment de culpabilité
ou son impression qu’elle a cherché à
se faire abuser. Et ce sentiment est amplifié
par la croyance largement répandue socialement
— même dans les milieux médicaux,
psychiatriques et judiciaires — que
s’il y a eu du « plaisir », il y avait un désir.
Je citerais le cas de cet homme, battu,
masturbé et violé, qui avait éprouvé du
plaisir et éjaculé. Pendant des années, il n’a
pas compris qu’il avait simplement été
« trahi » par son corps, qu’il n’était pas
homosexuel malgré lui et qu’il n’avait pas,
comme certains le prétendaient, inconsciemment
cherché ou provoqué le viol
dont il avait été victime.
En fait, dès qu’il y a une stimulation
54
« mécanique » d’une zone érogène ou,
dans le cas d’un homme, éjaculation, il y a
« plaisir ». Mais un « plaisir » automatique,
strictement physiologique qui n’est
nullement synonyme de consentement ni
même de désir inconscient.
• L’amnésie
Cela paraît inconcevable en regard de la
gravité de l’agression et pourtant, certaines
victimes semblent avoir oublié qu’elles ont
été abusées. En fait, le cumul de souffrance,
de sentiment de la faute, de souvenir physique
douloureux et de désillusion à propos
de l’abuseur se fait parfois si pénible à
supporter que la victime va mettre en place
immédiatement — et durablement — une
stratégie d’évitement mental qui lui fera
« oublier » les événements. En développant
cette amnésie — qui peut être partielle
ou totale —, la victime s’évite de
réactiver tant la culpabilité que les émotions
douloureuses ; elle s’autoprotège.

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